English translation: Men do not know how what is at variance agrees with itself. It is an attunement of opposite tension, like that of the bow and the lyre.
French translation: Ils ne comprennent pas comment ce qui est en désaccord avec soi-même s'accorde. Harmonie de mouvements opposés comme celle de l'arc et de la lyre.
English translation: War is the father of all and the king of all; and some he has made gods and some men, some bond
and some free.
French translation: Guerre (polemos), de tout est père et de tout est roi ; les uns elle les désignent comme dieux, les autres comme hommes ; des uns elle fait des esclaves, des autres des hommes libres
54. ἁρμονίη ἀφανὴς φανερῆς κρείττων.
English translation: Harmony invisible to visible superior.
French translation: L'harmonie invisible vaut mieux que celle visible
English translation: God is day and night, winter and summer, war and peace, surfeit and hunger; but he takes various
shapes, just as fire, when it is mingled with spices, is named according to the savour of each.
French translation: le dieu: jour nuit, hiver été, guerre paix, satiété faim ; mais il chande de même que, lorsqu'il est mêlé aux fumées, on le nomme selon le plaisir de chacun
English translation: It needs be aware of the war being common and justice strife and everything becoming in accordance with strife and necessity.
French translation: S'il faut quelque chose, c'est la guerre qui est commune et la justice qui est discorde, et toutes choses survenant selon la discorde et toutes choses étant nécessaires.
English translation: And it is the same thing in us that is quick and dead, awake and asleep, young and old ; the former are shifted and become the latter, and the latter in turn are shifted and become the former.
French translations: Certes, la même chose est là, vivant et mort, éveillé et dormant, jeune et vieux ; en effet ces choses-ci en se renversant sont celles-là, en se renversant sont celles-ci
He seems to me to have thought the world foolish in not understanding that all are always at war with one another; and if in war there ought to be common meals and certain persons regularly appointed under others to protect an army, they should be continued in peace. For what men in general term peace would be said by him to be only a name; in reality every city is in a natural state of war with every other, not indeed proclaimed by heralds, but everlasting. And if you look closely, you will find that this was the intention of the Cretan legislator; all institutions, private as well as public, were arranged by him with a view to war; in giving them he was under the impression that no possessions or institutions are of any value to him who is defeated in battle; for all the good things of the conquered pass into the hands of the conquerors.
ATHENIAN
Now, which would be the better judge-one who destroyed the bad and appointed the good to govern themselves; or one who, while allowing the good to govern, let the bad live, and made them voluntarily submit? Or third, I suppose, in the scale of excellence might be placed a judge, who, finding the family distracted, not only did not destroy any one, but reconciled them to one another for ever after, and gave them laws which they mutually observed, and was able to keep them friends.
CLEINIAS
The last would be by far the best sort of judge and legislator.
ATHENIAN
And yet the aim of all the laws which he gave would be the reverse of war.
CLEINIAS
Very true.
ATHENIAN
And will he who constitutes the state and orders the life of man have in view external war, or that kind of intestine war called civil, which no one, if he could prevent, would like to have occurring in his own state; and when occurring, every one would wish to be quit of as soon as possible?
CLEINIAS
He would have the latter chiefly in view.
ATHENIAN
And would he prefer that this civil war should be terminated by the destruction of one of the parties, and by the victory of the other, or that peace and friendship should be re-established, and that, being reconciled, they should give their attention to foreign enemies?
CLEINIAS
Every one would desire the latter in the case of his own state.
Et en cela il a voulu condamner l'erreur de la plupart des hommes, qui ne voient pas qu'il y a entre tous les États une guerre toujours subsistante; et qu'ainsi, puisqu'il est nécessaire pour la sûreté publique, en temps de guerre, que les citoyens prennent leur nourriture ensemble, et qu'il y ait des chefs [626a] et des soldats toujours occupés à veiller à la défense de la patrie, cela n'est pas moins indispensable durant la paix : qu'en effet ce qu'on appelle ordinairement paix n'est tel que de nom, et que, dans le fait, sans qu'il y ait aucune déclaration de guerre, chaque État est naturellement toujours armé contre tous ceux qui l'environnent. En considérant la chose sous ce point de vue, tu trouveras que le plan du législateur des Crétois, dans toutes ses institutions publiques et parti6 culières, porte sur la supposition d'un état de guerre continuelle, [626b] et qu'en nous recommandant l'observation de ses lois, il a voulu nous faire sentir que ni les richesses, ni la culture des arts, ni aucun autre bien, ne nous serviraient de rien, si nous n'étions les plus forts à la guerre, la victoire transportant aux vainqueurs tous les avantages des vaincus
L'ATHÉNIEN
Quel serait le meilleur juge, celui qui ferait mourir [627e] tous ceux d'entre eux qui sont méchants, et ordonnerait aux bons de se gouverner eux-mêmes, ou celui qui, remettant toute l'autorité aux bons, laisserait la vie aux méchants, après les avoir engagés à se soumettre volontairement aux autres ? Et s'il s'en trouvait un troisième qui, se chargeant de remédier aux divisions d'une telle famille sans faire mourir [628a] personne, imaginât un moyen de réconcilier les esprits et de les rendre tous amis pour la suite, en leur faisant observer de certaines lois, ce dernier l'emporterait sans doute sur les deux autres.
CLINIAS.
Ce juge, ce législateur serait le meilleur sans comparaison.
L'ATHÉNIEN
Cependant, dans les lois qu'il leur proposerait, il aurait en vue un objet directement opposé à celui de la guerre.
CLINIAS.
Cela est vrai.
L'ATHÉNIEN
Mais quoi? lorsqu'il s'agit d'un État, le législateur doit-il avoir en vue dans ses institutions la guerre du dehors, [628b] plutôt que cette guerre intestine, appelée sédition, qui se forme de temps en temps dans le sein d'un État, et que tout bon citoyen souhaiterait de ne voir jamais naître dans sa patrie, ou de la voir étouffée aussitôt après sa naissance ?
CLINIAS.
Il est évident qu'il doit avoir en vue cette seconde espèce de guerre.
L'ATHÉNIEN
Et dans le cas d'une sédition, est-il quelqu'un qui préférât voir la paix achetée par la ruine d'un dos partis et la victoire de l'autre, plutôt que l'union et l'amitié rétablies entre eux par un bon accord, et toute leur attention tournée [628c] vers les ennemis du dehors ?
CLINIAS.
Il n'est personne qui n'aimât mieux pour sa patrie cette seconde situation que la première.
Italian original text, french and english version below...
Niccolò Machiavelli - Il Principe - XVIII, writen in 1515
QUOMODO FIDES A PRINCIPIBUS SIT SERVANDA
In che modo e principi abbino a mantenere la fede
Quanto sia laudabile in uno principe mantenere la fede e vivere con integrità e non con astuzia, ciascuno lo intende: nondimanco si vede per esperienzia, ne' nostri tempi quelli principi avere fatto gran cose che della fede hanno tenuto poco conto, e che hanno saputo con l'astuzia aggirare e cervelli delli uomini; e alla fine hanno superato quelli che si sono fondati in su la lealtà.
Dovete adunque sapere come sono dua generazioni di combattere: l'uno con le leggi, l'altro con la forza. Quel primo è proprio dello uomo, quel secondo è delle bestie: ma perché il primo molte volte non basta, conviene ricorrere al secondo. Pertanto a uno principe è necessario sapere bene usare la bestia e l'uomo. (...)
Non può pertanto uno signore prudente né debbe osservare la fede, quando tale osservanzia li torni contro e che sono spente le cagioni che la feciono promettere. E se li uomini fussino tutti buoni, questo precetto non sarebbe buono; ma perché sono tristi e non la osservarebbano a te, tu etiam non l'hai ad osservare a loro. Né mai a uno principe mancorono cagioni legittime di colorire la inosservanzia. Di questo se ne potrebbe dare infiniti esempli moderni, e mostrare quante paci, quante promesse sono state fatte irrite e vane per la infidelità de' principi: e quello che ha saputo meglio usare la golpe, è meglio capitato. Ma è necessario questa natura saperla bene colorire, ed essere gran simulatore e dissimulatore: e sono tanto semplici gli uomini, e tanto obediscano alle necessità presenti, che colui che inganna troverrà sempre chi si lascerà ingannare. (...)
Facci dunque uno principe di vincere e mantenere lo stato: e' mezzi saranno sempre iudicati onorevoli e da ciascuno laudati; perché il vulgo ne va sempre preso con quello che pare e con lo evento della cosa, e nel mondo non è se non vulgo; e li pochi non ci hanno luogo quando li assai hanno dove appoggiarsi. Alcuno principe de' presenti tempi, quale non è bene nominare, non predica mai altro che pace e fede, e dell'una e dell'altra è inimicissimo; e l'una e l'altra, quando e' l'avessi osservata, gli arebbe più volte tolto o la reputazione o lo stato.
Chacun comprend combien il est louable pour un prince d'être fidèle à sa parole et d'agir toujours franchement et sans artifice. De notre temps, néanmoins, nous avons vu de grandes choses exécutées par des princes qui faisaient peu de cas de cette fidélité et qui savaient en imposer aux hommes par la ruse. Nous avons vu ces princes l'emporter enfin sur ceux qui prenaient la loyauté pour base de toute leur conduite.
On peut combattre de deux manières : ou avec les lois, ou avec la force. La première est propre à l'homme, la seconde est celle des bêtes. (...)
Un prince bien avisé ne doit point accomplir sa promesse lorsque cet accomplissement lui serait nuisible, et que les raisons qui l'ont déterminé à promettre n'existent plus : tel est le précepte à donner. Il ne serait pas bon sans doute, si les hommes étaient tous gens de bien; mais comme ils sont méchants, et qu'assurément ils ne vous tiendraient point leur parole, pourquoi devriez-vous leur tenir la vôtre? Et d'ailleurs, un prince peut-il manquer de raisons légitimes pour colorer l'inexécution de ce qu'il a promis?
A ce propos on peut citer une infinité d'exemples modernes, et alléguer un très grand nombre de traités de paix, d'accords de toute espèce, devenus vains et inutiles par l'infidélité des princes qui les avaient conclus. On peut faire voir que ceux qui ont su le mieux agir en renard sont ceux qui ont le plus prospéré.
Mais pour cela, ce qui est absolument nécessaire, c'est de savoir bien déguiser cette nature de renard, et de posséder parfaitement l'art et de simuler et de dissimuler. Les hommes sont si aveugles, si entraînés par le besoin du moment, qu'un trompeur trouve toujours quelqu'un qui se laisse tromper. (...)
Que le prince songe donc uniquement à conserver sa vie et son État : s'il y réussit, tous les moyens qu'il aura pris seront jugés honorables et loués par tout le monde. Le vulgaire est toujours séduit par l'apparence et par l'événement : et le vulgaire ne fait-il pas le monde? Le petit nombre n'est écouté que lorsque le plus grand ne sait quel parti prendre ni sur quoi asseoir son jugement.
De notre temps, nous avons vu un prince (Machiavel veut parler de Ferdinand d'Aragon) qu'il ne convient pas de nommer, qui jamais ne prêcha que paix et bonne foi, mais qui, s'il avait toujours respecté l'une et l'autre, n'aurait pas sans doute conservé ses États et sa réputation.
Every one understands how praiseworthy it is in a Prince to keep faith, and to live uprightly and not craftily. Nevertheless, we see from what has taken place in our own days that Princes who have set little store by their word, but have known how to overreach men by their cunning, have accomplished great things, and in the end got the better of those who trusted to honest dealing.
Be it known, then, that there are two ways of contending, one in accordance with the laws, the other by force; the first of which is proper to men, the second to beasts. But since the first method is often ineffectual, it becomes necessary to resort to the second. A Prince should, therefore, understand how to use well both the man and the beast. (...)
A prudent Prince neither can nor ought to keep his word when to keep it is hurtful to him and the causes which led him to pledge it are removed. If all men were good, this would not be good advice, but since they are dishonest and do not keep faith with you, you in return, need not keep faith with them; and no prince was ever at a loss for plausible reasons to cloak a breach of faith. Of this numberless recent instances could be given, and it might be shown how many solemn treaties and engagements have been rendered inoperative and idle through want of faith in Princes, and that he who was best known to play the fox has had the best success.
It is necessary, indeed, to put a good colour on this nature, and to be skilful in simulating and dissembling. But men are so simple, and governed so absolutely by their present needs, that he who wishes to deceive will never fail in finding willing dupes. (...)
Wherefore if a Prince succeeds in establishing and maintaining his authority, the means will always be judged honourable and be approved by every one. For the vulgar are always taken by appearances and by results, and the world is made up of the vulgar, the few only finding room when the many have no longer ground to stand on.
A certain Prince of our own days, whose name it is as well not to mention, is always preaching peace and good faith, although the mortal enemy of both; and both, had he practised them as he preaches them, would, oftener than once, have lost him his kingdom and authority.